La basse vision, également appelée malvoyance, désigne une déficience visuelle permanente qui subsiste malgré le port de la correction visuelle (lunettes, lentilles ou après un traitement médical ou chirurgical approprié). L’œil et son fonctionnement subissent des modifications qui modifient et font baisser la capacité de voir. Une personne atteinte par une pathologie oculaire voit alors sa perception visuelle perturbée et atténuée.

Il ne s’agit pas de cécité totale, c’est-à-dire que la personne n’est pas aveugle, mais d’une perte importante de la vision qui perturbe significativement la vie quotidienne. C’est comme un handicap qui apparaît dans la vie de la personne. La vue devient basse.

Bien que souvent méconnue, la basse vision concerne des millions de personnes dans le monde et mérite une attention particulière, tant sur le plan médical, technique et social.

Définition médicale de la basse vision

L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit la basse vision comme étant mesurable par une acuité visuelle comprise entre 1/10 et 3/10 (0,1 à 0,3) pour l’œil le plus performant, après correction optique, ou un champ visuel inférieur à 20 degrés (normalement, il est de jusqu’à 180° à l’horizontale). En dessous de 1/20 d’acuité visuelle ou en cas de champ visuel très restreint (inférieur à 10°), on parle alors de cécité légale.

L’acuité visuelle étant un angle, son principe est de mesurer la capacité de la vue à détecter les détails ou la taille des détails qui permettent au cerveau de reconnaître un objet à une distance définit. En France, nous la mesurons généralement en dixièmes. 10/10 correspond à la valeur seuil en dessous de laquelle on considère que le système visuel peut avoir un problème.

Concrètement, si l’acuité mesurée est supérieure ou égale à 10/10, l’œil n’a pas de défaut lié à une pathologie. Si l’acuité est mesurée entre 9/10 et 4/10, l’œil présente une Vision Fragile, altérée par un défaut de perception. Si l’acuité est mesurée à 3/10 ou moins, nous sommes dans le cas de la Basse Vision. (un article complet sur l’acuité visuelle est disponible sur le blog).

Une personne qui n’a plus 10/10, alors qu’elle les avait auparavant, présente une altération visuelle qu’il est important de prendre en charge tout d’abord en ophtalmologie (médecine de l’œil du système visuel), puis en Optométrie et Optique Basse Vision puis en Orthoptie (rééducation de la vue) si nécessaire. Dès la Vision Fragile exprimée par la personne et constaté (acuité inférieure à 9/10), il est important d’entamer ce suivi : Ophtalmo-Opticien Optométriste-Orthoptiste.

La basse vision n’est pas une maladie en soi, mais la conséquence d’une ou plusieurs atteintes visuelles. Elle peut affecter différentes fonctions visuelles comme :

  • La vision centrale (lecture, reconnaissance des visages),
  • La vision périphérique (orientation, détection des mouvements),
  • La sensibilité aux contrastes ou à la lumière,
  • L’adaptation à l’obscurité ou à l’éblouissement.

Dans tous les cas, lorsque l’ophtalmologiste constate et pose le diagnostique de pathologie oculaire, il est fondamentale de considérer une prise en charge pluridisciplinaire dès la Vision Fragile, comme pour les autres déficits pouvant se présenter dans le corps (troubles des articulations et de la mobilité, atteintes dégénératives, etc…). L’accompagnement pluridisciplinaire est la clef de réussite de l’adaptation de la personne aux difficultés qui vont se présenter avec l’apparition et l’évolution de la maladie. Les yeux ne font pas exception.

Quelles sont les causes de la basse vision ?

Les causes de la basse vision sont multiples et varient selon l’âge et les antécédents de la personne. Parmi les principales pathologies à l’origine de cette déficience, on retrouve :

  • La Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA) : une maladie fréquente après 60 ans, qui touche la macula, la zone centrale de la rétine.
  • Le glaucome : une maladie du nerf optique, souvent silencieuse, qui entraîne une perte progressive de la vision périphérique.
  • La rétinopathie diabétique : complication du diabète qui endommage les vaisseaux sanguins de la rétine.
  • Les maladies héréditaires de la rétine comme la rétinite pigmentaire, maladie de Stargardt et autres.
  • Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) affectant les zones visuelles du cerveau.
  • Les traumatismes oculaires ou crâniens.
  • Les infections ou inflammations graves de l’œil (uvéites, choriorétinites).
  • Certaines malformations congénitales chez l’enfant.

La cataracte ne fait partie de cette liste car elle a une méthode d’élimination : la chirurgie.

Les pathologies entrainant une Basse Vision ne peuvent pas être éradiquées et on déjà endommager la perception visuelle, l’enjeu est d’apprendre à vivre avec. Notre rôle de professionnel de santé et de booster la vue qui reste pour redonner de la perception à la personne atteinte.

On ne redonne pas la vue, on la modifie !

Impact de la basse vision sur la vie quotidienne

La basse vision a un impact profond sur l’autonomie et la qualité de vie. Elle peut rendre difficile, voire impossible, un grand nombre d’activités simples et fondamentales :

  • Lire un livre, un journal, une étiquette, sa montre…
  • Reconnaître les visages ou les expressions faciales.
  • Se déplacer dans des environnements inconnus ou encombrés.
  • Regarder la télévision, utiliser un téléphone ou un ordinateur.
  • Conduire un véhicule (souvent interdit en cas de basse vision).

La perte visuelle entraîne aussi des conséquences psychologiques : anxiété, isolement, perte de confiance en soi, voire dépression. Le regard des autres et la stigmatisation sociale peuvent renforcer le sentiment de marginalisation. Il est donc essentiel d’apporter un accompagnement global et bienveillant.


Rééducation et réadaptation visuelle

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une personne en situation de basse vision n’est pas condamnée à l’inactivité. Grâce à des techniques de rééducation visuelle et à une bonne prise en charge, il est possible de réapprendre à voir autrement.

Après avoir entamé le suivi en Ophtalmologie, l’Opticien Optométriste va présenter et évaluer souvent en parallèle de l’orthoptiste, les aides visuelles et la rééducation nécessaire à la personne.

La rééducation visuelle est assurée par des orthoptistes spécialisés ou des équipes pluridisciplinaires dans des centres de basse vision. Elle repose sur plusieurs axes :

  • Apprentissage de l’utilisation de la vision résiduelle : certaines personnes peuvent apprendre à utiliser leur vision périphérique si la vision centrale est atteinte.
  • Techniques de compensation : orientation dans l’espace, lecture lente mais efficace, amélioration de la perception des contrastes.
  • Éducation à l’utilisation d’aides visuelles.

Chaque professionnel est important pour coordonner les différents besoins de la personne déficiente visuelle :

  • Ophtalmologie : suivi médical et traitements éventuels, après le diagnostic,
  • Opticien Optométriste : évaluation et adaptation des aides visuelle et de la meilleure vue possible,
  • Orthoptiste : maintien et rééducation de la perception visuelle.

C’est comme une architecture, chacun a un rôle et si une partie est défaillante ou manquante, l’adaptation est bien souvent médiocre. Malheureusement, ce parcours n’est pas toujours bien appliqué en France alors qu’il pourrait l’être aisément.


Les aides techniques à la basse vision

Il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs pour faciliter la vie des personnes malvoyantes :

Aides optiques :

  • Loupes de lecture, loupes éclairantes.
  • Téléagrandisseurs : appareils permettant d’agrandir les textes et images sur un écran.
  • Lunettes télescopiques ou prismes spécifiques.

Aides électroniques et numériques :

  • Applications mobiles de lecture vocale, de reconnaissance de texte, de guidage.
  • Smartphones et tablettes adaptés : fonctions d’agrandissement, synthèse vocale, contraste élevé.
  • Ordinateurs avec logiciels de grossissement ou de synthèse vocale (ex : ZoomText, JAWS).

Aides domotiques et signalétiques :

  • Balises sonores, détecteurs de mouvement lumineux, éclairage LED optimisé.
  • Etiquetage en gros caractères ou en braille.

Ces outils ne remplacent pas la vision mais permettent de rendre l’environnement plus lisible et accessible. Pour cela, la clef c’est l’ergonomie et l’adaptation individuel. Chaque personne a sa propre façon de réagir face aux problèmes rencontrés et chaque personne se verra accompagner selon sa propre façon de constater et de vivre la Basse Vision. Très souvent, la personne déficiente visuelle aura déjà modifier naturellement sa façon d’avoir accès à l’information et notre travail d’opticien optométriste est de les accompagner vers l’amélioration en suivant leurs facilités et affinités.

Personnellement, je pense que l’écoute, l’observation et les essais sont la clef. C’est rare que je fasse deux fois la même adaptation et que le suivi soit le même. Une fois chez lui, le malvoyant va mettre en place ses habitudes avec les nouvelles solutions et va faire évoluer de lui-même l’accompagnement. Il recevra aussi des informations différentes de la part de l’Ophtalmo, l’Opticien Optométriste et l’Orthoptiste :

4 personnalités = solutions et adaptations personnalisées.

Vous comprenez ainsi que je ne mets personne dans une case pour créer une prise en charge technique au magasin…


L’importance de l’environnement et du soutien

L’adaptation du domicile est un élément fondamental : bon éclairage, élimination des obstacles, organisation logique des objets… Ces changements simples permettent de réduire les risques d’accidents et de restaurer l’autonomie. Ainsi, la confiance revient car on peut refaire par soi-même, on est moins pénaliser par son environnement et le quotidien redevient fluide.

Le soutien familial est également crucial. Il convient d’éviter de surprotéger, tout en respectant les limites de la personne. Une écoute bienveillante, de la patience et une valorisation des capacités restantes sont des leviers puissants pour l’estime de soi. Bien souvent, le recours à un accompagnement psycho-émotionnel est important.


Le rôle des associations et de la sensibilisation

De nombreuses associations œuvrent pour accompagner les personnes malvoyantes :

  • UNADEV (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels),
  • Fédération des Aveugles et Amblyopes de France,
  • Voir Ensemble, entre autres.
  • EntrAide DMLA à Grenoble

Elles proposent des services d’information, de formation, d’assistance administrative, d’ateliers de rééducation, et créent des lieux d’échange et de solidarité. C’est particulièrement le cas de EntrAide DMLA à Grenoble qui a été crée par une personne atteinte de DMLA et c’est un rendez-vous mensuel très productif.

La sensibilisation du grand public, des professionnels de santé et des institutions est essentielle. Elle permet de lutter contre les préjugés, de mieux orienter les personnes concernées et de favoriser leur intégration dans la société. La Basse Vision étant un handicap invisible, le malvoyant se retrouve trop souvent a devoir justifier ses comportements ou maladresses du quotidien, notamment à l’extérieur de chez lui. C’est souvent vécu comme humiliant alors qu’ils subissent ce handicap.


Un défi pour le futur

Avec le vieillissement de la population, la basse vision va devenir un enjeu de santé publique majeur dans les années à venir. Il sera nécessaire de :

  • Former davantage de professionnels spécialisés, et notamment les Opticiens Optométristes et les Orthoptistes,
  • Renforcer l’accès aux aides techniques, je le propose au magasin et malheureusement je suis le seul sur l’Isère à proposer cette approche personnalisée,
  • Développer la recherche sur les maladies de la vision, certains hôpitaux sont très investis,
  • Promouvoir l’accessibilité universelle : signalétique, transports, lieux publics.

Les avancées technologiques (intelligence artificielle, lunettes intelligentes, implants rétiniens) ouvrent déjà des perspectives nouvelles, mais elles doivent rester accessibles à tous.


Conclusion

La basse vision n’est pas la fin de la vie active ou autonome. C’est un changement profond qui nécessite adaptation, soutien et accompagnement. En mobilisant les ressources médicales, techniques, humaines et sociales, les personnes atteintes peuvent continuer à vivre pleinement, avec dignité et indépendance. Il appartient à la société tout entière de favoriser cette inclusion, en levant les obstacles visibles… et invisibles.

Pour en savoir plus, je vous invite à nous contacter pour prendre rendez-vous au magasin avec moi directement.

Si vous souhaitez en savoir d’avantages, vous trouverez plus d’informations ici :

L’acuité visuelle :

https://www.cliniquedelavision.com/fr/myopie/dixiemes-dioptries-et-vision